L'ÉPOQUE PARIS - Malgré les protestations d'ONG, la candidature saoudienne a été choisie mardi par le Bureau international des expositions, basé à Paris. Ryad accueillera l'Exposition universelle de 2030. L'événement culturel attire tous les cinq ans des millions de visiteurs.
28.11.2023 © L'ÉPOQUE PARIS
Par Christophe Duval
Dubaï 2020, Osaka 2025 et désormais Ryad 2030 : la candidature de la capitale saoudienne a été préférée mardi à celles de Rome (Italie) et Busan (Corée du Sud) pour organiser l'Exposition universelle de 2030.
Le Bureau international des expositions (BIE), basé à Paris, a choisi l'heureux gagnant mardi après-midi lors d'un vote de ses membres à bulletins secrets. L'événement, qui attire tous les cinq ans des millions de visiteurs, faisait l'objet depuis des mois d'un intense lobbying de la part des trois candidats.
Lors de sa présentation de 20 minutes mardi à Paris, l'Arabie saoudite a fait appel en vidéo au footballeur portugais Cristiano Ronaldo, star de l'équipe saoudienne d'Al Nassr.
La candidature saoudienne, la plus controversée, vante « des paysages naturels de niveau mondial » et « la première exposition carbo-négative », dans un pays pourtant aride, parmi les premiers producteurs de pétrole au monde et l'un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre par habitant.
Du « greenwashing à grande échelle », observait avant le vote le sociologue Patrick le Galès, directeur de recherche au CNRS, le centre français de la recherche scientifique, et à Sciences Po, pour qui ce genre d'événement sert avant tout à « valoriser les élites en place ». Quinze ONG de défense des droits humains avaient appelé le BIE à « ne pas voter » pour Ryad du fait de son « épouvantable » bilan en terme de droits de l'Homme.
Les expositions universelles, ces « méga-événements » appréhendés « comme une machine pour tirer la croissance et pour renforcer l'influence », permettent de forger une « image politique » internationale, estime encore Patrick le Galès.
Les expositions universelles se tiennent tous les cinq ans et durent au maximum six mois. Elles permettent au pays choisi de « se montrer au monde », tout en étant « un laboratoire pour les architectes », estimait en avril 2022, Dimitri Kerkentzes, secrétaire général du BIE sur TV5 Monde. A titre d'exemple, la tour Eiffel a été bâtie à Paris à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, tout comme l'Atomium et la Space needle, structures symboles de Bruxelles et Seattle (Etats-Unis), l'ont été pour celles de 1958 et 1962.
La dernière en date, à Dubaï, a enregistré 24 millions de visiteurs. Celle de 2025 se déroulera à Osaka, au Japon. La première exposition universelle s'est tenue en 1851 à Londres. Nombre d'inventions devenues des agréments du quotidien y ont été présentées depuis, notamment la télévision, le téléphone, la grande roue, le ketchup, le pop-corn ou encore le premier cône de crème glacée.