L'ÉPOQUE - Dans une nuit mémorable, la 82ème cérémonie des Golden Globes a mis en lumière le talent exceptionnel du réalisateur français Jacques Audiard et son film Emilia Pérez. En recevant quatre prestigieux prix, dont celui du meilleur film étranger et de la meilleure comédie, Jacques Audiard a non seulement célébré un succès cinématographique, mais a également offert un message d'espoir en ces temps troublés. Sa déclaration touchante, où il exprime le désir que « Emilia Pérez soit une lumière », résonne profondément avec le public. La performance de Karla Sofía Gascón et de Zoë Saldana, celle-ci récompensée pour son rôle secondaire, ainsi que la victoire pour la meilleure chanson originale, soulignent l'impact émotionnel et artistique de ce long-métrage. Ces distinctions ne sont pas seulement un hommage à la créativité du cinéma mais aussi une célébration des histoires qui, à travers l’humour et l’émotion, nous rappellent l'importance de la résilience. En tant que spectateurs, nous sommes invités à réfléchir sur le pouvoir du cinéma à éclairer nos vies et à unir les gens autour de récits universels. Alors que le film Emilia Pérez brille sur la scène internationale, il devient un symbole d'espoir et d'inspiration!
06.01.2025 © L'ÉPOQUE PARIS
Par Nereides Antonio Giamundo de Bourbon
Si vous n'avez pas encore vu le film Emilia Pérez, il est grand temps de découvrir ce chef-d'œuvre qui a bouleversé les codes du cinéma. Jacques Audiard, avec sa vision audacieuse, nous plonge dans l'univers d'un narcotrafiquant mexicain qui aspire à devenir femme. Cette comédie musicale, qui allie humour et réflexion profonde sur la question du genre, est un pari audacieux qui mérite les quatre Golden Globes qu'elle a reçus. Le film se distingue non seulement par son récit original mais aussi par son casting exceptionnel, notamment Karla Sofía Gascón, dont la performance transcende les attentes. La musique, fruit de quatre années de travail, enrichit l'expérience cinématographique avec une bande originale variée qui fait vibrer les émotions. Plus qu'un simple divertissement, Emilia Pérez est une véritable critique sociale qui interroge la violence et la rédemption à travers le prisme de la féminité. En somme, cette œuvre est une lumière dans un monde souvent obscur, et elle invite chacun d'entre nous à réfléchir sur notre propre identité et place dans la société. Ne passe pas à côté de ce phénomène cinématographique !
Ce qui distingue véritablement Emilia Pérez c'est sa capacité à toucher des thèmes universels tout en restant ancré dans une réalité spécifique. Le film ne se contente pas d'explorer la transformation personnelle de son personnage principal, mais aborde également les dynamiques familiales et sociales qui jalonnent cette quête d'identité. Les interactions entre Emilia et son entourage révèlent des strates cachées de préjugés et de douleur, tout en mettant en lumière le courage nécessaire pour briser les chaînes de la tradition. La narration, astucieusement entrelacée avec des scènes musicales vibrantes, crée une atmosphère immersive où le spectateur ne peut s'empêcher de s'investir émotionnellement. En offrant un mélange unique de légèreté et de gravité, Jacques Audiard parvient à capturer l'essence même de la condition humaine, rendant ainsi chaque moment au fond profondément touchant et mémorable.
Au-delà de son approche délicate des thèmes abordés, Emilia Pérez démontre également une maîtrise visuelle impressionnante. Chaque plan est soigneusement composé, mêlant couleurs vives et ombres saisissantes, créant ainsi un contraste puissant qui attire l'œil. La direction artistique sublime les différentes facettes du récit, que ce soit dans l'intimité des scènes familiales ou l'effervescence des numéros musicaux. Cette attention aux détails contribue à un environnement immersif qui capte l'essence même du personnage d'Emilia. Dans ce cadre visuel riche, les émotions s'intensifient, favorisant un lien profond entre le public et l'histoire. À chaque détour narratif, le film rappelle que la beauté peut émerger même des situations les plus sombres, incitant chacun à réévaluer ses propres préjugés et à embrasser la complexité de l’identité humaine. Emilia Pérez est ainsi une expérience cinématographique qui transcende le simple récit pour devenir une ode à la résilience et à la quête d'acceptation.
Ce mélange d'émotions se traduit non seulement dans la narration, mais également à travers les choix musicaux qui ponctuent le film. Les chansons, écrites avec soin, accompagnent chaque moment clé de l'intrigue, amplifiant l'impact des scènes tout en soulignant les luttes internes d'Emilia. Les rythmes entraînants et les ballades poignantes s'entrelacent pour créer une bande-son inoubliable qui invite à la réflexion tout en célébrant la joie et la douleur de l'existence. De plus, les performances vocales puissantes des acteurs ne font qu'ajouter à la richesse de cette expérience. Chacun d'eux incarne son personnage avec un tel engagement que l'on en vient à ressentir chaque victoire et chaque défaite comme si elles étaient les nôtres. En intégrant ainsi musique et émotion, Emilia Perez nous rappelle que l'art a le pouvoir de guérir, d'inspirer et de transformer nos perceptions, nous encourageant ainsi à accueillir notre propre cheminement personnel avec ouverture et empathie. La capacité du film à stimuler une conversation autour de thèmes aussi délicats attire de nombreux spectateurs, créant un dialogue sur l'identité, la diversité et l'amour dans toutes ses formes.
Pourquoi « Emilia Pérez » mérite-t-elle ses quatre Golden Globes et bien plus encore ?
Pour son originalité :
Lorsque le nom d’Emilia Pérez a été évoqué pour la première fois, beaucoup se sont demandé : « Qu'est-ce que c'est que ce phénomène ? » Un véritable ovni… Imaginez une comédie musicale centrée sur un narcotrafiquant mexicain particulièrement violent, désireux de devenir une femme, avec Selena Gomez et Zoe Saldana, le tout filmé en studio à Paris. Ce projet audacieux est le fruit de l'imagination débordante de Jacques Audiard (Un prophète, Dheepan, Les frères Sister…). Lors du Festival de Cannes, où le film a remporté le Prix du jury (il aurait sans doute mérité la Palme d’or!), Jacques Audiard a partagé les origines de ce projet : « L’idée a germé durant le premier confinement. Je voulais écrire un livret d’opéra, découpé en actes avec des personnages très archétypaux. Puis au fil des conversations avec Clément Ducol, le compositeur de la musique, nous avons migré vers le cinéma et la comédie musicale. Quant à l’origine de l’histoire elle vient du roman « Écoute » de Boris Razon. Dans son livre, il évoque l’histoire d’un narcotrafiquant qui veut devenir une femme. Mais il ne lui donne aucune suite. Alors, j’ai piqué les clés de la bagnole et je me suis cassé avec ! ».
Pour Karla Sofía Gascón :
Emilia Pérez, c’est elle ! Née Carlos Gascon en 1972 à Madrid, elle s’est transformée en Karla à l’âge de 46 ans. Cette histoire lui est intimement liée et elle y brille de mille feux. Elle incarne donc Juan Manitas del Monte, le trafiquant au début du film, puis Emilia après sa métamorphose. Présentée par un agent mexicain à Jacques Audiard, c’est elle qui a su le convaincre d’interpréter les deux rôles. Lors du dernier Festival de Cannes, le casting féminin a été honoré par le Prix d’interprétation féminine.
Lundi, à l’issue de la cérémonie des Golden Globes, Karla Sofía Gascón a affirmé : « La lumière l’emporte toujours sur l’obscurité. Vous pouvez peut-être nous mettre en prison, vous pouvez nous rouer de coups mais vous ne pourrez jamais nous enlever notre âme, notre existence et notre identité. Et je veux vous dire : élevez vos voix ! Je suis qui je suis, pas celle que vous voulez que je sois ».
Pour la musique :
Le film repose sur une bande originale élaborée par la chanteuse Camille et son partenaire, l’arrangeur et producteur Clément Ducol. Sa création a nécessité quatre années de travail acharné. Le résultat est splendide et a également été récompensé par le Golden Globe de la meilleure chanson. Ce mélange de rock, de mélodies douces, de pop et de musique mariachi se veut tour à tour entraînant, puissant ou touchant, tout comme le film.
Pour la thématique :
La question du genre fait partie des débats qui animent notre société actuelle. À travers son œuvre, Jacques Audiard lui donne une résonance particulière. C’est une œuvre d’art magistrale qui interroge autant qu’elle touche profondément. Emilia Pérez se présente comme un conte musical et métaphorique sur la rédemption des violences masculines par la féminité. « Je trouve l’idée passionnante. La violence des pères disparaîtra-t-elle dans cette espèce de magie corporelle. Il y a une parole de chanson dans le film qui parle de : « changer les corps pour changer les âmes et la société ». C’est une hypothèse à envisager » , nous confiait-il en mai dernier.