L'affaire Julianne Moore et la Censure Littéraire aux États-Unis entre Racisme et Masculinisme : Les Liaisons Invisibles de la Haine!

L'ÉPOQUE - Depuis les discours fascistes de l'entre-deux-guerres jusqu'à ceux de Donald Trump, les haines xénophobes, antiféministes et homophobes s'entremêlent et se renforcent mutuellement. Les États-Unis subissent une vague inédite de censure littéraire ciblant principalement les ouvrages destinés à la jeunesse abordant les sujets de genre, racisme, ou les questions LGBTQ+.. L’actrice et autrice Julianne Moore a récemment fait les frais de cette vague qui ne cesse de s’intensifier sous l’administration Trump. Son livre pour enfants Freckleface Strawberry, publié en 2007 et portant un message d’acceptation de soi, a été supprimé des bibliothèques des écoles gérées par le Pentagone. Une décision que l’actrice a vivement dénoncée sur Instagram, s’interrogeant sur ce qui pouvait être si subversif dans un simple livre illustré prônant la tolérance.

27.03.2025 © L'ÉPOQUE PARIS

Par Emily Costa

Julianne Moore avec son livre Freckleface Strawberry © Patrick McMullan/Getty Images.

La récente interdiction du livre pour enfants de Julianne Moore dans les écoles du ministère de la Défense est un exemple alarmant de la montée de la censure conservatrice aux États-Unis. L'actrice, choquée par cette décision, a vu son œuvre semi-autobiographique interdite dans plus de 20 000 écoles gérées par le gouvernement.

Informée du retrait de son livre, Julianne Moore a réagi en un long post Instagram : « C'est un grand choc pour moi d'apprendre que mon premier livre, Freckleface Strawberry, a été interdit par l'administration Trump dans les écoles gérées par le ministère de la Défense. Freckleface Strawberry est l'histoire semi-autobiographique d'une petite fille de sept ans qui n'aime pas ses taches de rousseur, mais qui finit par apprendre à vivre avec lorsqu'elle se rend compte qu'elle est différente “comme tout le monde”. C'est un livre que j'ai écrit pour mes enfants et pour d'autres enfants afin de leur rappeler que nous luttons tous [contre quelque chose], mais que nous sommes unis par notre humanité et notre communauté. »

Cette action soulève des questions sur la liberté d'expression dans un pays où elle est pourtant un droit constitutionnel.

En quelques semaines, une liste noire circule dans les universités et institutions américaines, mettant en garde contre des thématiques telles que l'antiracisme, le féminisme, ou encore la santé mentale. Ce phénomène inquiétant fait suite au décret de l'administration Trump supprimant les politiques en faveur de la diversité et de l'égalité.

Parallèlement, une autre liste recense plus de 16 000 livres bannis dans des bibliothèques publiques d'Etats républicains, dont une grande partie concerne des personnes de couleur ou des personnes LGBT+. Ce mouvement rappelle la période du maccarthysme.

Pour le politiste Francis Dupuis-Déri, ces rapprochements témoignent des liens étroits entre sexisme, racisme, homophobie et xénophobie dans la guerre culturelle menée par l'extrême droite américaine. L'intersectionnalité des haines est une nouvelle notion qui décrit cette convergence des rejets à travers différentes époques et cultures.

Les implications de cette confluence sont profondes et alarmantes. En ciblant des idéologies qui promeuvent l'égalité, ces groupes cherchent non seulement à restreindre les libertés individuelles, mais aussi à façonner un narrative qui privilégie une vision du monde rétrograde, où la domination masculine et la suprématie raciale sont normalisées. Ce climat d’intolérance n’est pas seulement le reflet d’une société divisée, mais également le moyen par lequel certaines élites politiques et sociales tentent de maintenir leur pouvoir en manipulant les émotions de peur et de colère. Dans ce contexte, il devient impératif d'examiner comment ces discours s'infiltrent dans l'éducation, les médias et même les arts, créant ainsi un environnement où la censure devient un outil de contrôle social. La résistance à cette dynamique néfaste nécessite une mobilisation collective, fondée sur la solidarité entre toutes les minorités opprimées afin de redéfinir les standards de tolérance et de justice.

Face à cette situation alarmante, il est crucial de renforcer les débats sur l'éducation au sein des communautés académiques et au-delà. Les institutions doivent devenir des bastions de réflexion critique où les voix marginalisées sont valorisées. Les programmes éducatifs devraient intégrer des courants de pensée qui explorent la complexité des identités et des luttes sociales, tout en favorisant une compréhension nuancée des dynamiques de pouvoir en jeu. Cela implique également de remettre en question les récits dominants qui perpétuent l'exclusion et l'oppression, afin d'encourager une culture du dialogue et du respect. La sensibilisation à l'intersectionnalité joue un rôle clé dans ce processus, car elle permet de relier les luttes pour la justice sociale et d'intégrer des perspectives variées qui enrichissent notre compréhension collective. Par cette démarche, il devient possible d'engendrer un changement durable, fondé sur l'empathie et la coopération, face à la montée inquiétante des discours de haine et à l'autoritarisme croissant.